Et voici le 3ème épisode de la série sur les échecs marquants de ces 20 dernières années en NBA! Impossible de ne pas parler des Cavaliers de LeBron James, version 2010…

Lebron James était loin d’être seul lors de sa dernière année à Cleveland! Pourtant, le double MVP a joué tel quel… Ce qui lui a sans doute coûté la bague.
Cleveland Cavaliers 2009-2010: _ 5 Majeur: Mo Williams- Anthony Parker- LeBron James- Antawn Jamison- Shaquille O’Neal
Reste du roster: Sebastian Telfair, Delonte West, Daniel Gibson, Jamario Moon, JJ Hickson, Leon Powe, Anderson Varejao, Zydrunas Ilgauskas
Coach: Mike Brown
Le contexte:
Médiocre équipe de la Conférence Est depuis la saison 97-98, les Cavaliers de Cleveland deviennent, en Juin 2003, l’une des attractions de la ligue après la draft du phénomène LeBron James. Cela dit, bien que le prodige démontre dès son intronisation en NBA des qualités hors-normes, il ne fait pas décoller son équipe, dans l’incapacité de se qualifier pour les Playoffs durant les 2 premières saisons avec celui que l’on a surnommé « The Chosen One ». Trop seul, James obtient finalement le renfort de Larry Hughes, star à l’époque, ainsi que ceux de Drew Gooden (grand espoir au poste 4) et de l’expérimenté Eric Snow, finaliste en 2001 avec Philly. Avec le pivot All-Star Zydrunas Ilgauskas, et l’arrivée du prometteur coach Mike Brown, le groupe des Cavs est plus consistant, et parvient à atteindre la postseason en 2006, avec un James des plus impressionnants (All-Star et présent dans la first team NBA). Après avoir franchi le premier tour, Cleveland se permet même le luxe de pousser le grand favori, Detroit, au Game 7 en demi-finales. L’avenir dans l’Ohio semble dès lors radieux. En 2007, la progression de la Franchise s’accélère subitement. James confirme définitivement qu’il est un monstre, et mène sa team en finale NBA malgré les défaillances de Hughes (qui, en plus, se blesse) et de Gooden. Les Cavs terminent 2ème, et sortent New-Jersey, Washington et Detroit en Playoffs, sans trop de difficultés. En finale, les rêves de titre tournent toutefois court: San Antonio, vainqueur en 2003 et 2005, réalise la passe de 3 en étrillant littéralement les hommes de Mike Brown. Ces derniers encaissent au final un sweep (4-0) des plus humiliants. Plus d’expérience, et surtout plus de collectif chez l’équipe texane. De son côté, James n’a rien pu faire seul, et a été mis constamment en difficulté par la défense du rugueux Bruce Bowen. La défaite est dure à digérer, et la saison 2008 est décevante, avec une simple 4ème place et une élimination dès les demies contre Boston et son Big 3. Mais en 2009, alors que le groupe a été modifié (exit Gooden et Hughes, recrutement de Ben Wallace, Wally Szczerbiak, Delonte West et Mo Williams), Cleveland se positionne comme le grand favori de l’Est avant les Playoffs. Il termine premier de conférence, avec un bilan de 66-16 absolument fantastique (record de la Franchise), et mise sur un James enfin MVP, et plus motivé que jamais pour remporter la bague. Seulement, le King joue seul. Il n’implique pas assez ses coéquipiers, et décide de tout au sein de l’équipe, ou presque. Cela dit, même en playoffs, cette tactique semble passer. Les Cavs atomisent Detroit, puis Atlanta (4-0), et peu de monde mise sur le Magic, toutefois tombeur de Boston, pour les arrêter en finale de Conférence. Erreur. La stratégie d’Orlando est payante: laisser jouer LeBron plus seul que jamais, et l’isoler encore plus de ses coéquipiers. Un seul homme n’a jamais fait gagner seul. Malgré ce qu’indique ses stats et ses performances, LeBron James en est un. Bien qu’il inscrive un exceptionnel buzzer beater lors du Game 2, qui semble relancer son équipe, the chosen one échoue au porte de la finale NBA (4-2). Hedo Turkoglu, Rashard Lewis, et surtout Dwight Howard, qui a joué le meilleur basket de sa carrière, sortent vainqueurs. Toujours est-il que Cleveland s’affirme de plus en plus comme un prétendant au titre, faisant preuve de constance et comptant sur un effectif en perpétuelle amélioration. Pour la saison 2009-2010, le grand Shaquille O’Neal débarque dans la peinture pour épauler Varejao, Z et le jeune espoir Hickson. Le vétéran shooteur Anthony Parker renforce la ligne arrière. Le Roster de Cleveland devient impressionnant. Il comptera même sur le renfort de l’ailier fort All-Star Antawn Jamison en fin de saison. Et devient, avec les Lakers, le grand favori pour le titre…
Les résultats:
Le début de la campagne est pourtant compliqué… A la stupeur générale, Cleveland s’incline lors de ses 2 premiers matchs face aux Celtics et aux Raptors, avant de renouer avec le succès contre Minnesota. La machine n’est pas pour autant lancée, car après 22 matchs, les hommes de Mike Brown n’affichent un bilan que de 15v-7d. La réaction ne tarde pas à venir: les Cavs remportent 22 de leurs 23 matchs suivants (dont 2 sur les Hawks et un sur les Lakers) et remontent à la première place. Boston la joue diesel, Orlando peine encore à s’affirmer comme un vrai favori, et les Hawks ne sont pas en mesure, malgré un très bon roster, de viser le titre. La route semble donc dégagée. Après 40 matchs, LeBron et ses coéquipiers en sont à 30 victoires pour 10 défaites. Le King, bien que toujours individualiste, est au sommet de son art. Personne ne peut le stopper, et le décevant exercice de Mo Williams, ainsi que les blessures du Shaq ne freinent pas la progression de Cleveland. La Franchise de l’Ohio passe la vitesse supérieur, et remporte pas moins de 13 succès consécutifs (dont encore un sur LA et un sur le Magic). C’est Denver qui met fin à cette superbe série. Les Cavs ne lâcheront plus la première place, malgré quelques coups de moins bien (notamment 4 revers de suite pour finir la saison régulière), et achèveront la saison avec un bilan encore excellent de 61-21. Pour les spécialistes, ils sont les grands favoris, et tout le monde attend une finale Lakers-Cavaliers pour assister à une confrontation magique entre les 2 meilleurs joueurs du monde (James et Bryant) et les 2 potentielles meilleures équipes de la NBA.
Entre temps, l’ailier fort des Wizards, le double All-Star Antawn Jamison, est venu grossir les rangs de Cleveland. Sa venue fait alors du bruit, tant le procédé de transfert est limite: Jamison est échangé contre Zydrunas Ilgauskas, lequel est coupé par les Wizards dans la foulée, et revient pour un salaire moindre à… Cleveland! Le jeune Sebastian Telfair (ex-Boston et Portland) débarque également dans l’affaire! Au final, on a une équipe qui se présente comme remarquablement équipée au moment d’aborder la phase finale de la saison. Elle compte sur le double MVP sortant (James), sur un quadruple champion et méga-star (Shaq), 3 autres All-Star (Jamison, Williams et Ilgauskas), un membre de la 2ème meilleure équipe défensive (Varejao), l’un des meilleurs shooteurs de la ligue à 3 points (Parker), et une floppée de bons joueurs de compléments (West, Hickson, Gibson, Moon, Powe, Telfair). Le tout coaché par le meilleur entraîneur de l’an passé, le fidèle Mike Brown. Sur le papier, Cleveland détruit tout. Sur le terrain, elle le fait aussi, contre les Bulls de Joakim Noah et Derrick Rose au premier tour (4-1). LeBron impressionne autant qu’il inquiète. En impliquant si peu ses coéquipiers, surtout lors des moments chauds, peut-il espérer la consécration? Un titre se gagne en équipe, et Cleveland, malgré son effectif de feu, va prouver qu’elle n’en est pas une.
Contre des Celtics que l’on pense à l’agonie en demies, l’obstacle ne paraît pourtant pas insurmontable. Mais le retour en grâce de KG, Ray Allen et Paul Pierce ne va pas tarder. Celui de Rajon Rondo aussi. Ce dernier marche sur l’eau lors du Game 1 (26 pts, 12 pas, 6 reb à 7/10) mais les Cavs résistent, et gagnent grâce à LeBron (37 pts, 7reb, 7 pas) et un inattendu retour en force de Mo Williams. Score final 101-93, après avoir été mené toute la première période. Lors du Game 2, grâce à un 5 majeur exceptionnel (quel match encore de Rondo, auteur de 19 passes) et la sortie de banc de Rasheed Wallace, les Celts récupèrent l’avantage du terrain (104-86). La défaite est cinglante pour Cleveland. Pas assez dans le rythme, les joueurs autour de James se font manger (Williams, Jamison). Mike Brown, lui, multiplie les choix douteux (Shaq joue bien trop peu, Parker manque aussi de temps de jeu, West passe 31 minutes sur le parquet alors qu’il effectue un mauvais match…). Mais les Cavs ne doutent pas. Ils infligent, lors du Game 3, la plus lourde défaite de l’histoire de Boston au TD Garden en Playoffs (124-95), en remportant les quatre 1/4 temps. Les Shaq (qui ne joue pourtant toujours pas assez) et autres Jamison se réveillent! Les Cavs semblent prêts pour la performance qui fera d’eux, définitivement, les favoris pour le titre. Mais alors que personne ne s’en doute, ce match sera en réalité celui qui réveillera les Celtics. La résurrection de l’inoxydable franchise verte est en route. Touchés dans leur orgueil de gagnants, Pierce et KG sonnent la révolte, orchestrée par l’incroyable monsieur Rondo, auteur d’un des matchs les plus fous de l’histoire des PO (29 pts, 18 reb, 13 pas, 2 int!!) lors du game 4. Boston gagne 97-87, LeBron ne parvenant pas à briser la défense adverse. Le retour à la maison apparaît comme salvateur pour Cleveland. Il sera destructeur. Rajon Rondo se calme un peu, mais le big 3 sort un match énorme et c’est au tour de Boston d’infliger aux Cavs la plus lourde défaite de leur l’histoire à la Q Arena. 120 à 88. Auteur de 15 points à 3/15, King James est au bord de la déchéance. Il apparaît de plus en plus évident que Cleveland n’est pas en mesure de gagner la bague. Pas comme ca. Pas en laissant un joueur, aussi phénoménal soit-il, tout diriger, que ce soit sur le terrain ou même dans le coaching. Pas en impliquant si peu des attaquants comme Williams et Jamison, désespérément en manque de ballons. Pas en laissant seulement 20 minutes sur le parquet un Shaq qui peut encore apporter beaucoup, et qui a prouvé qu’il pouvait bousculer les Celts à l’intérieur lors des 2 derniers matchs. Attendu comme le joker ou l’arme secrète de Mike Brown, le Big Cactus va ronger son frein sur le banc. Si les médias américains tentent de vendre ce game 6, au garden, comme LE match de LeBron « l’élu », qui va relancer les Cavs, peu y croit vraiment. A l’arrivée, James y claquera un triple-double (29 pts, 19 reb, 10 pas) qui sera insuffisant pour l’emporter face à un impérial Boston (94-85). Supérieurs dans tous les domaines, les Celtics ont pu compter sur le tandem Garnett-Rondo pour faire la différence, et se qualifier des plus brillamment pour la finale de Conférence. Les performances encore calamiteuses de Jamison et de Mo, le départ précipité, sans saluer ses adversaires, de LeBron James vers ses vestiaires après le match, et le regard incrédule du Shaq sont autant d’images fortes qui montrent que ces Cavaliers n’étaient pas une vraie équipe, et qu’ils ne pouvaient certainement pas viser mieux en jouant de cette façon. Et éviter un des plus lourds échecs, en tout cas sur le papier, de l’histoire de la ligue!
L’après LeBron James:
Comme les Lakers en 2004, Cleveland, à une échelle encore supérieure, va subir une rapide et violente désintégration! LeBron James quittera, sans classe, sa Franchise de toujours, l’annonçant au cours d’une émission sur ESPN appelée « The Decision », sans avoir prévenu ses dirigeants auparavant de son choix. Shaquille O’Neal partira également, tout comme Mike Brown, et le symbole du club, Zydrunas Ilgauskas. Ces départs, non compensés, scelleront la fin de la bonne période des Cavs, retombés dans l’oubli et l’anonymat des bas-fonds de la Conférence Ouest. Bon dernier de l’Est l’an passé, avec un bilan assez affreux (19v/63d), ils ne paraissent pas en mesure de faire mieux cette année. Il y a peu de chance que la Franchise rejoue le haut du tableau de sitôt! Comme quoi, en NBA aussi, tout peut aller très vite…
Résultats: 1er de la Conférence Est en saison régulière, 61 victoires/21 défaites
Playoffs: 1er tour: bat Chicago (4-1), 1/2: perd contre Boston (2-4)